La lumière bleue : une problématique croissante à l’ère du numérique

29 janvier 2020

A l’ère du numérique, nous surconsommons les images. Par exemple, 50% des gens surfent sur internet tout en regardant un programme vidéo. Surtout que de nos jours, la plupart des programmes télévisés sont accessibles depuis n’importe quel écran. Cependant, les appareils électroniques auxquels nous avons accès aujourd’hui sont majoritairement équipés d’une technologie d’éclairage arrière à LED. Cette technologie contribue à améliorer la brillance et la clarté mais émet de très fortes ondes de lumière. Ces dernières nous exposent de manière croissante aux dangers de la lumière bleue. C’est donc pour cela que les ophtalmologues se penchent sur cette problématique grandissante. Cela, afin de mieux comprendre ce phénomène et trouver des solutions.

Qu’est-ce que la lumière bleue ?

Lumière-bleue-article-GoyaLabDe 380 à 500 nm. C’est là que se situent les longueurs d’onde de la lumière bleue. Cette lumière est émise par le soleil mais également par les sources lumineuses artificielles ou éclairages fluorescents contenus dans la plupart des écrans digitaux comme les ordinateurs, les tablettes, les smartphones, ou les écrans de télévisions.

Une partie de cette lumière est bénéfique pour notre corps : c’est la lumière bleu-turquoise. En effet, cette dernière agit comme un régulateur des phases d’éveil et de sommeil. C’est ce que l’on appelle le cycle circadien. Elle nous rend également plus réactifs et contribue à notre bien-être et notre bonne humeur. C’est donc pour cela qu’il est possible d’entrer dans un cycle de dépression saisonnière en hiver, car nous manquons de lumière à cette période de l’année. Et, ce sont ces rayons lumineux qui contribuent à notre équilibre et à notre forme.

Comment agit-elle ?

Cette lumière est constituée des lumières bleu-turquoise, comme dit précédemment, et des lumières bleu-violet. Le cristallin de l’œil en filtre une partie alors que l’autre partie pénètre en profondeur dans l’œil et atteint la partie centrale de la rétine gérant 90% des informations visuelles réceptionnées par notre œil. Entre-autre, la lumière bleue frappe la rétine avec davantage de puissance que les autres types de lumière.

Quel danger représente la lumière bleue ?

Dans la lumière bleue, la partie dangereuse est la partie bleu-violet qui se situe entre 415 et 455 nm. En effet, si nous sommes trop longtemps exposés à cette lumière, cela peut, sur le long terme, causer des dommages néfastes au niveau oculaire. Par exemple, la rétine peut être abîmée, ce qui peut conduire à une DMLA (dégénérescence maculaire liée à l’âge) voire à la cécité.

Ajouté à cela, en étant surexposé à cette lumière, la production de mélatonine, hormone habituellement sécrétée en fin de journée pour favoriser l’endormissement, diminue. Ce qui va perturber les cycles du sommeil.

Ce fait fut confirmé par une étude parue dans la revue spécialisée In Frontiers Public Heart, réalisée par le Professeur Paul Gringas, dans le cadre du concours de chercheurs du King’s College de Londres et l’Université de Surrey.

Quelles solutions contre la lumière bleue ?

Étant donné que la lumière bleue est omniprésente dans nos vies, il est compliqué de l’éviter. Ainsi, des dispositifs ont vu le jour afin de nous protéger des effets néfastes qu’elle peut entraîner. C’est notamment le cas des lunettes anti-lumière bleue qui promettent un filtrage des longueurs d’ondes problématiques. En réalité elles les atténuent d’environ 20%. Mais elles ont su prouver qu’elles étaient efficaces contre la fatigue oculaire.

En 2016, Apple ajoute la nouvelle option Night Shift à iOS 9.3. Samsung et Huawei dotent également leurs appareils de cette fonction parfois appelée “confort des yeux”. Cette dernière fatigue moins les yeux que l’affichage classique. Elle peut, dans certains cas, réduire les maux de tête, selon certains témoignages. Mais le fait de regarder quelque chose de dérangeant sur son smartphone, avant de dormir, peut affecter la qualité du sommeil.

Expériences réalisées

Afin de tester réellement l’efficacité de ce mode, à première vue, révolutionnaire, nous avons décidé d’effectuer des tests. A l’aide du GoSpectro : le spectromètre pour smartphone, les spectres de lumières de smartphones Samsung et Huawei mate 10 lite et d’un ordinateur portable HP ont été comparés. En mode classique et avec l’option filtre anti-lumière bleue. Ce qui ressort de cette expérience est que le filtre diminue en effet, la quantité de lumière bleue émise. Cela, sans impacter les autres longueurs d’onde. Après un rapide calcul, on observe que sur le smartphone Samsung, il y a une réduction de 25% de la lumière bleue grâce au filtre. En revanche, sur l’ordinateur portable, nous remarquons que le filtre a diminué l’ensemble des longueurs d’ondes. Ce qui revient à diminuer la luminosité de son écran. Nous avons réalisé un second test de vérification.

Lumière-bleue-GoyaLabLumière-bleue-GoyaLab

 

 

 

 

 

 

 

 

 

– Avec filtre anti-lumière bleue

 

 

Figure 1 : Test filtre anti-lumière bleue sur des smartphones Samsung et Huawei et sur un ordinateur portable HP

 

Nous pouvons constater (voir Figure 2) que lorsque nous diminuons la luminosité de l’écran de l’ordinateur portable HP, la quantité de lumière bleue diminue. Cependant, la lumière bleu-turquoise est également atteinte alors qu’elle est bénéfique.

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– : Luminosité 100 %

– : Luminosité 50 %

 

 

 

Figure 2 : Test des différents niveaux de luminosité d’un ordinateur HP

 

Ainsi, même si plusieurs dispositifs ont été inventés pour pallier les effets néfastes de la lumière bleue, aucun n’est totalement efficace. C’est notamment le cas des lunettes anti-lumière bleue qui ne font que principalement atténuer les longueurs d’ondes problématiques. Parallèlement, nos expériences ont prouvé que les options comme le Night Shift sur iOS ou le filtre anti-lumière bleue sur Android diminuent la quantité de lumière bleue émise. Cela, tout en conservant les effets bénéfiques des autres lumières et dans certains cas évitent les migraines. Alors que ce type de filtre, sur l’ordinateur portable testé, diminue la totalité des longueurs d’ondes émises, incluant celles bénéfiques, comme lorsque l’on diminue simplement la luminosité. Si certains de ces dispositifs ont quelques avantages, ils ne peuvent en aucun cas être aussi efficaces que d’éteindre ses appareils electroniques deux heures avant d’aller se coucher. Cela, afin de préserver sa qualité de sommeil.

D’autres solutions plus efficaces sont donc en attente de la part des personnes passant beaucoup de temps sur les écrans. C’est-à-dire, la plupart d’entre-nous. C’est une problématique sur laquelle les ophtalmologues ne cessent de se pencher. Elle va dans les années avenir être solutionnée efficacement ou du moins, nous l’espérons…

 

Article et expériences réalisés par GoyaLab